L’entreprise ONA-TISS est située à Saint Palais, en plein cœur du pays basque. Elle est créée en 1948 par François Hourcade, pour la fabrication de la toile à espadrille : toile de 18 cm maximum de large , tissée avec du fil de coton épais et ensuite amidonnée pour un bon maintien du pied.
C’est dans les années soixante qu’a été augmenté la largeur de la toile pour développer le tissage du linge de maison : nappe, torchon…

Le linge basque était à l’origine une toile que l’on posait sur les bœufs ,« Mante à Bœuf », pour les protéger des insectes et de la chaleur. La toile était toujours en Lin avec des rayures de couleurs bleu. Le lin était cultivé dans la région. Chaque ferme avait sa parcelle de lin, et un tisserand passait de fermes en fermes pour tisser avec la récolte de la ferme les besoins de la maison. Les rayures bleus étaient obtenues grâce à une teinture naturelle qui est l’ancêtre du pastel (origine région de Toulouse). C’était le seul colorant naturel utilisable à l’époque.

De l’idée de rayures qu’il y avait sur les toiles à bœufs, on a tissé le modèle actuel des 7 rayures, qui représente les 7 provinces basques ( 3 en France et 4 en Espagne). L’important c’est la quantité de rayures et non pas la disposition ou la largeur des bandes.

Ce qui est important également ce sont les couleurs :
-le bleu , c’est la couleur d’origine ( avec le pastel)
-le rouge et vert qui sont les couleurs du drapeau basque . Le fond rouge représente le sang du peuple, la croix verte au-dessus est le symbole de la justice et la croix blanche sur le dessus symbolise Dieu : Dieu est au dessus de la justice qui est elle-même au dessus du peuple.

Le drapeau a été créé en 1896 : ce qui est récent dans l’histoire du Pays Basque. Mais dès que ce drapeau a été créé, tous les objets qui ont une identité basque ont été créés en rouge et vert à l’image du drapeau : les bérets, la vaisselle et le linge basque. Cela est resté dans l’esprit des gens : « le rouge et vert sont les vraies couleurs du linge basque » . Or le véritable linge basque a les rayures bleus.

Le lin aujourd’hui ne se cultive plus dans la région. On trouve des cultures de lin dans le nord de la France ( Normandie, Nord ,Pas-de-calais…). Culture en Europe dit main d’œuvre européenne donc coût en conséquence : ce qui explique que le lin aujourd’hui est une matière très chère. De plus, il est souvent mélangé avec du polyester pour atténuer le problème du repassage. Le problème avec ce mélange, est que l’on ne peut pas laver le tissus à plus de 30°C. Or l’idéal est de pouvoir nettoyer une nappe à 90°C. Ainsi, aujourd’hui notre fabrication est en 100% coton avec des teintures dites grand teint (lavage à 90 °C et rinçage à l’eau de javel possible).

Voici le principe de fabrication du tissu basque :

1)- L’ourdissage :
Préparation de la chaîne. La chaîne représente la longueur de tissus que l’on veut fabriquer. Lors de cette 1ère étape on va préparer une nappe de fils (la chaîne) qui va alimenter les métiers à tisser. Cette nappe de fils va être enrouler sur un tambour d’un diamètre de 1m30. Il faut positionner entre 3700 et 4000 fils côte à côte sur le tambour pour obtenir un nappage d’environ 1m70 de large. Si on veut 1000 m de nappe il faudra faire tourner le tambour sur cette distance ; et ainsi on obtiendra la chaîne du tissus qui va permettre l’alimentation du métier à tisser.

2)- Le Tissage :
La chaîne de fils préparée ci-dessus sera positionnée à l’arrière du métier à tisser. Les fils vont être amener vers l’avant en passant par l’intérieur de différents cadres. Ces cadres vont être commandés par une carte perforée (principe de l’Orgue de Barbarie). Ils se lèveront ou pas en fonction de ce programme. Une navette passera à l’horizontale en libérant son fils de trame. On obtient donc un croisement de fils d’où le tissage.

3)- La confection :
Le linge basque est dit « brut tombé de métier », ce qui signifie qu’aucun traitement chimique ne peut avoir lieu sur le tissus. Ainsi, il est normal d’avoir un rétrécissement d’environ 10% sur la longueur. Nous couperons tous les produits avec ces 10% de retrait. Afin de couper droit en respectant le tissage, on enlève un fil de trame à l’aide d’une pique, afin de créer un défaut : repère de coupe. En faisant cela, nous sommes surs d’avoir des produits bien droits. La couture permet de terminer les articles en glissant une étiquette de la maison, qui précise bien que le produit est « tissé en France, au Pays Basque » : garantie de provenance